Kushiro est la grande ville de l’est d’Hokkaido. Et je n’avais en toute franchise pas grand-chose de prévu pour le coup. Il n’y a donc pas de plan ni de réelle idée, je me suis contenté de me balader un peu au pif, laissant le hasard et Google Maps m’aider à trouver ma prochaine direction.
Le katte-don du marché Washou
Je pars le matin à pied pour rejoindre le centre de Kushiro avec environ 1h30 de marche. Une idée que je regrette puisqu’en pratique, il n’y avait pas grand-chose à voir sur cette marche puisque je me suis retrouvé à traverser une grande zone industrielle. J’aurais clairement du prendre le bus pour le coup.


Le seul objectif de ma journée était d’essayer le katte-don du marché Washou. Situé près de la gare de la ville, le marché Washou a vu naître un plat local quand un motard sans le sou a rencontré un restaurateur généreux qui lui a fait payer un bol de riz avant de lui offrir tout un assortiment de fruits de mer locaux pour accompagner. De nos jours, la générosité est un peu passée à la fenêtre disons-le. Le concept du katte-don est donc assez simple : vous achetez un bol de riz, nature ou vinaigré, puis vous passez au stand!


Vous pouvez alors acheter des portions de fruits de mer frais à ajouter dessus. Il est aussi possible de consommer directement ces mêmes produits en tant que sashimi. Les étiquettes jaunes viennent d’Hokkaido et celles avec une herbe de Kushiro.



Un katte-don n’a du coup pas vraiment de prix si ce n’est celui que vous voulez y mettre. Personnellement, j’étais là pour tester un peu de tout et me faire plaisir. J’avais prévu un budget à 2000y et c’est une mission échouée avec succès puisque je m’en suis sorti à 3700y, en plus du grand bol de riz à 270y, soit un peu plus de 30€. En détails, j’ai donc eu :
- Du saumon masu (200y)
- De l’otoro, du thon de haute qualité (500y)
- Du sailfin poacher (200y)
- Du sébaste à épines courtes (idiot fish, 300y)
- Du sébaste à longue mâchoire (rock fish, 150y)
- De la baleine (200y)
- Du crabe des neiges (700y)
- De la crevette botan (450y)
- De l’oursin (600y)
- De la palourde (100y)
- De la pieuvre (100y)
- Du calamar (200y)
Et ils m’ont offert une tranche de saumon saisi en prime. Et si j’ai la liste, c’est parce que j’ai justement pris une note pour budgétiser ça sur mon téléphone et ne pas me perdre, ce que je recommande vu la richesse du catalogue. Comme vous pouvez le voir, le prix varie énormément d’un ingrédient à l’autre, mais la quantité aussi change un peu. En effet, si vous n’aurez en général qu’une tranche par ingrédients, certains viennent en bonne quantité et pas forcément les plus chers comme le calamar. Il est clair que vous pouvez très bien manger pour moins de 1000y, comme vous pouvez faire comme moi et faire péter la banque pour se faire un festin de roi.

Errances
Après ce repas royal, j’ai décidé donc d’errer dans Kushiro. Ma première étape a été le centre commercial MOO, un des lieux mis en avant sur le site de la ville. En pratique, c’est un centre commercial avec un marché et pas mal de boutiques souvenir, construit dans une ancien entrepôt de pêcheurs. Sa structure est assez originale, avec deux grands colimaçons en pente de part et d’autre du bâtiment. Juste à côté se trouve EGG, une petite serre permettant d’apprécier un coin de verdure dans la fraicheur de l’hiver.



C’est d’ailleurs là-bas que je rencontre l’incongru UFO catcher à crabes. 300y la partie, 500y les 2, on te prépare ton crabe si tu arrives à le pêcher.


Le centre est situé près du pont Nusamai, certainement le point de vue le plus célèbre de la ville. Encadré par les statues de 4 femmes représentants les 4 saisons, ce pont permet d’assister au coucher de soleil de Kushiro, qui ferait partie des 3 plus beaux couchers de soleil portuaires mondiaux (d’après les sites de la ville cela dit, je n’ai rien trouvé sur Google). Mais bon, il fait beau, je me mets une note de revenir vers 16h quand le soleil se couchera.
J’entreprends ensuite la remontée du canal. L’eau y forme des plaques de glace qui dérivent paisiblement les unes contre les autres, leurs donnant des bords relevés, un peu comme des nénuphars de glace difformes. Le spectacle est plutôt relaxant et c’est en regardant la paysage sur l’autre rive que j’aperçois une forme étrange qui attire mon regard. A en juger par la structure de la pointe en vue, j’ai l’impression que c’est un bâtiment bouddhiste. Du coup je m’y rends.



Après la traversée laborieuse du terrain de baseball d’une école enneigée, j’arrive enfin au lieu repéré, ce que j’ai considéré d’abord comme une pagode bouddhiste plutôt jolie avec quatre représentations du Bouddha aux points cardinaux. Après un peu de recherche, il s’agit en fait d’une stupa.
Ce sont des bâtiments en dôme contenant des reliques bouddhiques. On en trouve cela dit surtout en Inde et elles seraient les ancêtres… Des pagodes chinoises et japonaises donc j’avais pas totalement tort. Ce stupa a été achevé en 1959, étant le troisième stupa à avoir vu le jour au Japon. Il a été construit par Kosanji Nakamura, président de la aujourd’hui disparue Nakamura Suisan Company. Ce dernier y a investi sa fortune afin d’en faire un symbole pour la paix mondiale. Seraient stockés dans ce stupa 6 os de Bouddha, provenant d’Inde, du Myanmar et du Sri Lanka. Étant un bâtiment religieux, il n’est pas mis en avant sur les sites touristiques de la ville et c’est bête parce que c’est un bel ouvrage.




Un petit coup de Google Maps plus tard, je décide de passer par le parc Harutori où se trouve le musée de la ville. Ce dernier est traversé par un lac du même nom dont je suis donc la berge. Je note cela dit pendant ce temps que des nuages s’accumulent dans le ciel, ce qui risque de rendre le coucher de soleil compliqué à observer.


Sur la route, la batterie de mon appareil photo rend enfin l’âme. Fort heureusement, mon bagage est supposé arriver ce même soir au Airbnb, me permettant de la recharger pile au bon moment. J’ai fini celle-ci en apercevant un groupe de six cerfs sika yezo, broutant tranquillement sur une des pentes du parc. Tranquillement, c’est vite dit puisqu’ils s’affrontaient de temps en temps pour certains spots. Et c’est donc en essayant de photographier une de ces encornades que j’ai dû abandonner, faute de moyens.



A ce stade, j’ai un peu tout vu et il n’est que 14h. Du coup, je rappelle Google Maps qui m’offre une suggestion intéressante, un bout de côte sauvage avec une cascade. Je fais donc une belle demi-heure de marche pour réaliser… Que ça va juste pas être possible. Déjà en approchant, je ne vois aucune pancarte signalant un lieu intéressant. Au final, je me contente de prendre quelques photos de la côte depuis le sommet de la falaise. Avec du recul, il semble qu’il était possible de descendre sur la côte par des chemins de falaise mais ceux-ci sont invisibles sous la neige. Je repars donc et c’est là qu’il se met à neiger.


Et à bien neiger puisque rapidement, je ne vois quasiment plus rien à 100m, enterrant définitivement le plan d’aller voir le coucher de soleil. Cette même neige en plus cache les plaques de verglas sur les trottoirs, transformant les 45 minutes de retour à la gare en partie de roulette russe. Devant les conditions météo désastreuses, j’ai fini par rentrer en bus.


En conclusion
Eh bien ça ne valait pas vraiment la visite je dirais. Kushiro n’est pas une ville très touristique en soi. Ce n’est pas une ville horrible non plus évidemment, c’est juste… Une ville quoi. J’étais surtout venu pour voir les coins nature autour de cette ville donc je pense que c’est une étape skippable clairement.