Un voyage mouvementé

Un voyage, ça commence déjà par se rendre dans le pays destination. Et j’ai tendance personnellement à être un aimant à imprévus, parfois par malchance, parfois par maladresse… Après ça va, je suis du genre zen relax, je conserve mon calme et je trouve une solution cohérente. Au final ça fait des histoires marrantes à raconter. Du coup sur 2 mois de voyage au Japon, je me doutais bien que ça allait arriver… Mais pas aussi vite je confesse.

Normalement ces articles sont illustrés de photos mais pour ce premier j’étais en transit et j’ai donc rien pris en photo, ce sera donc très littéraire pour commencer, bonne lecture.

  1. Paris-Tokyo presque sans encombres
  2. Speedrun de l’imprévu
  3. Poketto Waifi, ai, kore desu…
  4. Conclusion

Paris-Tokyo presque sans encombres

Le vol partant à 8h du matin, j’anticipe et du coup je prend un train qui me fait arriver à l’aéroport à 21h. Ce décollage matinal signifie déposer les bagages vers 5-6h du matin et je décide donc de passer la nuit à l’aéroport plutôt que de dormir une nuit raccourcie dans un hôtel. Je tiens donc à féliciter la personne qui a désigné les bancs de l’aéroport Charles de Gaulle de sorte à ce que personne ne puisse s’allonger correctement dessus. Le travail est réussi et j’ai donc pu passer une nuit exécrable. A ajouter à cela la découverte déplaisante que mon câble USB-C a décidé de rendre l’âme évidemment ce soir même, limitant la batterie de mon téléphone que j’utilisais pour me divertir.

Bref, je me présente donc à l’embarquement à l’heure avec mon unique bagage, un sac militaire acheté en surplus. Si d’habitude je prends des valises, ce voyage allait commencer par un roadtrip de plus d’un mois, se soldant sur la Shimanami Kaido, une piste cyclable de 70km. Autant dire que le sac à dos large était un peu forcé. De toute façon celui-ci était pile aux dimensions des compagnies aériennes. Ou plutôt c’est ce que je croyais puisqu’on m’annonce au comptoir que le premier vol, Paris-Francfort, est dans un avion de petite dimension et que ça va vraiment pas le faire pour mon gros sac. Mais une fois de plus, j’ai anticipé, ayant un sac à dos plus petit dans le grand justement pour ce genre de cas.

Je dégaine donc fièrement le petit sac à dos et entreprend d’y fourrer mon électronique (PC, téléphone, batterie, appareil photo, etc) ainsi que le nécessaire de survie par temps froid aka mes gants et ma cagoule. Un peu trop pressé, je ne prends pas l’adaptateur secteur Japon-Europe, le chargeur de l’appareil photo et la multi prise. Normalement, je récupère mon bagage à Kushiro, faisant un trajet Paris > Francfort > Tokyo > Kushiro.

Le vol se passe bien dans l’ensemble de Paris jusqu’à Tokyo. En attendant à Francfort et en remplaçant mon USB-C foireux, j’ai la petite réalisation que pas d’adaptateur secteur = pas possible de charger mes appareils à l’aéroport de Tokyo. Bon c’est pas grave, je hausse les épaules, de toute façon je récupère tout ça à Kushiro hein. Et c’est au posé à Tokyo Haneda qu’une annonce nous explique les mesures de quarantaine Covid. Je ne récupère pas mon bagage à Kushiro mais à Tokyo en fait et je dois le faire réenregistrer pour Kushiro. Bon pas trop grave là encore, ça veut même dire que je vais pouvoir récupérer mon adaptateur plus tôt, mais j’ai 2h30 de correspondance entre les 2 vols donc va pas falloir trainer trop…

Speedrun de l’imprévu

Et c’est au dépose bagage que je repère une hôtesse avec un Ipad sur lequel sont notés mon nom et prénom… ‘Félicitations monsieur, vous avez accompli un speedrun de l’imprévu, avec un imprévu en moins de 20 min après votre arrivée sur le territoire japonais, j’ai nommé vous n’avez plus de vêtements !’. Mon bagage est encore à Francfort, il est délayé, il devrait arriver ce soir à Tokyo. Et du coup je dois remplir la paperasse avec cette même hôtesse. Descriptif du bagage, référence et surtout la partie marrante : mon logement. Or ce voyage commence sur un roadtrip… J’ai pas un logement, j’en ai 15. Et j’ai face à moi évidemment l’hôtesse la moins à l’aise avec la langue de Shakespeare pendant que je vois à côté ses collègues plus compétentes avec d’autres clients (bah oui sinon c’est pas drôle). Finalement il est convenu que je recevrais un mail pour arranger la livraison du bagage quand ils l’auront récupéré s’il arrive après le 3, mon premier changement de résidence. Et c’est comme ça que je perds 1h30 sur les 2h30 et me retrouve donc à foncer pour aller au vol suivant dans un autre terminal.

Arrivé au bon terminal après un trajet de navette un peu long, quelque peu stressé, je décide d’immédiatement me rendre à l’embarquement pour éviter les mauvaises surprises au lieu d’errer dans l’aéroport. Ce qui fait que j’en oublie de passer dans un konbini. Le konbini, c’est une supérette 7j/7 24h/24 et c’est souvent là que vous pouvez trouver un ATM, des distributeurs de monnaie pour avoir des yens. Et les Japonais, bah ils aiment beaucoup le liquide et pas trop la carte. Mon plan initial était donc de retirer de l’argent à Tokyo au passage mais là c’est loupé. Bon c’est pas grave, on trouve des konbinis partout, il y en aura sûrement un à Kushiro…

Évidemment, arrivé à Kushiro, il n’y a pas de konbini dans l’aéroport. Il y a bien un ATM… Qui ne prend que les cartes japonaises. Pour une remise en contexte, j’ai déjà fait 3 voyages de 3 semaines au Japon et je n’ai croisé qu’un seul ATM de ce style. C’était dans un village de montagne paumé et même là l’office du tourisme local avait un ATM classique. Et du coup j’ai eu cet immense plaisir de me retrouver sans liquide à l’aéroport donc pas de bus à 1000y (7€) mais plutôt un bon taxi à 4500y (32€) pour enfin atteindre mon Airbnb vers 14h locale.

Poketto Waifi, ai, kore desu…

Pas trop le temps de se reposer dès l’arrivée puisqu’il me fallait encore récupérer mon Pocket Wifi. Pour ceux non familiers avec cette petite merveille technologique, c’est un boîtier qui vous connecte à la 4G japonaise (et du pays où vous voyagez en général, ce n’est pas exclusif au Japon). Autant dire que c’est un peu vital pour pouvoir bénéficier de Google Maps et Trad, sans parler des petits plaisirs de la vie numérique quotidienne. Il faut commander cet appareil avant votre départ puis celui-ci est, normalement, livré à l’aéroport où vous devez le percevoir dans un bureau de poste local. Sauf que là je craignais de ne pas avoir le temps de le chopper à Tokyo Haneda à cause de la correspondance (et j’ai eu raison comme quoi). J’ai donc pris l’option 2 à savoir le faire livrer dans un bureau postal proche de mon Airbnb vu que l’aéroport de Kushiro n’offre pas le service de livraison.

J’ai donc pu marcher (ou trainer ma carcasse à ce stade) jusqu’au bureau de poste le plus proche. Et arrive donc la partie marrante où je vois les employés du bureau un peu confus en voyant eux un étranger avec une tête de mort-vivant débarquer dans leur bureau et bredouiller « I have to get a Pocket Wifi here ». Et surtout me dire qu’ils ont rien pour moi. Dans la fatigue, je commence à sérieusement paniquer parce pas d’Internet hors hôtel, c’est assez critique comme problème. Il existe bien des Wifi de rue au Japon mais leur qualité est variable, c’est que dans les gros quartiers touristiques, et je commence vraiment pas dans des gros quartiers touristiques là.

Mais ils me sortent une tablette avec un logiciel de traduction qui finit par sortir le mot magique « Poketto waifai ». Au risque de surprendre, les Japonais et l’anglais, ça fait douze mais parfois prononcer un mot anglais avec le syllabaire japonais débloque la conversation. Ils sont allés me chercher mon précieux sésame en arrière boutique et j’ai enfin pu retourner victorieux et surtout connecté à mon Airbnb.

Conclusion

J’ai ensuite entrepris de pallier aux différents problèmes posés par mon bagage en retard:

  • pour l’adapteur secteur, j’ai pu m’arranger avec mon Airbnb qui en avait un de côté pour les touristes pas préparés (ou juste malchanceux comme moi quoi)
  • pour les vêtements, j’ai pas vraiment eu le choix: je n’avais sur moi que mes vêtements de vol, pas la tenue la plus chaude en commençant dans le grand Nord japonais par -10° mais je suis assez rustique donc j’ai pris sur moi. J’ai cela dit pu faire une machine à laver, celle-ci étant dans la salle de bain du logement. Ce qui a donné la scène très classe de moi nu avec une serviette en pagne en train d’attendre deux heures que mes vêtements sortent de la machine (mais bon à ce stade je marinais dedans depuis plus de 2 jours donc on va pas faire le difficile). J’en profite pour saluer la gentillesse du père de famille de l’Airbnb qui a proposé de me prêter des vêtements le temps que mon bagage arrive
  • pour la multi prise, j’ai simplement du alterner les appareils en charge régulièrement
  • pour le chargeur d’appareil photo, eh bien j’ai du ménager ce dernier mais il aura fini par rendre l’âme peu avant que le sac revienne malgré tout
  • et enfin le plus important le sac et tout ce qui a été cité précédemment est arrivé le 1 février soit 2 jours après mon arrivée donc tout est bien qui finit bien.

La journée s’est soldée par un retrait au konbini le plus proche, la dégustation d’un très bon miso ramen, une des spécialités d’Hokkaido, et mon corps à l’agonie allongé dans un bon lit.

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