Snowfes, Berserk & gastronomie nordique

Après le fail monumental du Setsubun, je suis donc parti vers mon hôtel. J’avais encore la soirée puis la journée qui suivait pour apprécier Sapporo et surtout son principal événement hivernal, le Snowfes! C’est basiquement le plus grand festival de neige du Japon, attirant des millions de visiteurs chaque année et c’était évidemment mon objectif pour cette journée. Le festival est d’ordinaire séparé en 3 lieux mais cette année, il n’était organisé qu’au parc Odori, le grand parc central de Sapporo, et à Susukino.

  1. Un jingisukan
  2. Le Snowfes à Odori
    1. J-COM et Hatsune Miku
    2. Le square des citoyens et celui de l’université d’Hokkaido
    3. Le square du Shimbun Newspaper
    4. Le square Embley Park par la Hokkaido Broadcasting Co.
    5. Le Hoheikan du square HTB, le second square des citoyens et le F Village
  3. La Sapporo Factory et Berserk
  4. Le Snowfes à Susukino
  5. Du zangi

Un jingisukan

Après un passage par mon hôtel, j’ai décidé d’aller essayer une des spécialités de Sapporo, j’ai nommé le jingisukan, ‘Genghis Khan’. En effet, au Japon, le nom du grand conquérant mongol est aussi celui d’un plat à base d’agneau. C’est assez original dans la cuisine japonaise qui n’utilise pas d’agneau habituellement et le nom du plat est lié à la croyance populaire japonaise que les mongols consommaient majoritairement cette viande.

Le plat est structuré comme un dôme avec des rigoles et aux bords relevés, rappelant un casque mongol. Le principe est simple, un gros morceau de gras d’agneau est posé au sommet du dôme et des légumes sont étalés à ses bords. Le gras fond et vient imprégner les légumes pendant que vous faites cuire vos morceaux d’agneau.

Pour mon repas, je suis allé au Extreme Salt Cured Genghis Khan YUHI, le restaurant le mieux noté sur Google Maps avec 4,8 étoiles. La première difficulté a été de le trouver et il est intéressant de noter que dans les grandes villes japonaises, l’espace est rentabilisé au maximum, y compris l’espace vertical. En effet, on peut trouver un grand nombre de commerces dans un même immeuble, ceux-ci étant indiqués à son entrée. J’ai du coup fait 2-3 passages devant l’entrée avant de réaliser ma bourde mais disons que j’ai vite eu confirmation que j’étais au bon endroit.

En effet, à peine l’ascenseur s’est ouvert que ça empestait le gras d’agneau. Le problème de mettre des restaurants dans des étages d’immeuble, c’est que l’aération c’est pas trop ça. Ajoutez à ça que le restaurant est populaire et je me suis donc retrouvé assis une heure à attendre pour pouvoir manger dans les bonnes vapeurs de gras. Je dois saluer la tentative de nettoyage à la sortie du restaurant où le chef m’a passé 2-3 coups de Febrez. C’est l’intention qui compte comme dit (mais j’ai quand même dû mettre mes vêtements à la machine et prendre une douche en rentrant).

La bonne vapeur de gras d’agneau…

Une fois à table cela dit, l’attente valait clairement le coup et le repas fut délicieux. Je m’en suis tiré à 2500y en prenant une portion de légume de saison et deux portions de viande pour tester. La vue sur les grands panneaux publicitaires de la rue à côté avait un certain charme.

Le Snowfes à Odori

Le lendemain matin, ma première halte a été le Snowfes du côté du parc Odori, principal emplacement du festival. Le parc est une grande avenue tout en longueur au pied de la tour de Sapporo et il a été divisé pour l’événement en dix espaces par bloc avec chacun leur thème. Du coup je vais détailler les plus intéressants dans l’ordre.

J-COM et Hatsune Miku

Le premier bloc était tenu par la station J-COM. On y trouvait un espace de curling ainsi qu’un ashiyu temporaire pour expérimenter le bain à la japonaise. Mais les deux étaient blindés de monde et j’ai donc choisi d’y passer furtivement. Il y avait aussi moult stands de nourriture.

Le second espace était lui dédié à un concours de statues de neige faites par la Hokkaido High School Cultural Association Ishikari Chapter Art Department, exhibant 13 créations d’étudiants.

Un espace qu’ils partagaient avec… Hatsune Miku?

Pour les non-initiés, Hatsune Miku est en fait la figure de ce qu’on appelle un Vocaloid. C’est un logiciel où un ou un(e) doubleur(se) a enregistré les 46 phonèmes de la langue japonaise et où l’on retrouve toute sorte d’outils de mixage, permettant de créer puis de faire chanter environ tous les genres de musique possibles et imaginables. L’éditeur Crypton Future Media a donc d’abord vendu ce logiciel, les gens ont produit leurs morceaux et ça a fonctionné super bien, à tel point que certains artistes se sont fait connaître en tant que producteur Vocaloid comme DECO*27 et d’autres ont même pu intégrer la scène musicale plus générale comme Ayase de YOASOBI. L’éditeur en a évidemment aussi bien profité en éditant des jeux de rythme basés sur les chansons de vocaloid comme les Project Diva ou le jeu mobile Colorful Stage, sans parler du merchandising, Miku étant peut-être le personnage avec le plus de figurines à son effigie que je connaisse.

Et je confesse ne jamais trop avoir compris pourquoi Miku avait une tenue d’hiver chaque année. Eh bien c’est à cause du Snowfes puisque les bureaux de Crypton sont situés… Bah à Sapporo. En 2010, ils font une sculpture de Miku, ça a du succès et ils lancent une campagne annuelle. Depuis maintenant 13 ans a lieu chaque année un concours pour designer un costume hivernal à Miku et une chanson est produite pour l’occasion.

Cette année le thème du design était le ciel hivernal d’Hokkaido et la chanson Snowmix a été produite

J’ai choisi personnellement d’acheter un souvenir pour l’occasion, ce qui m’a valu 2 heures de queue. J’ai bien fait en fait vu pendant mon attente, je voyais déjà certains produits disparaitre et que le soir même, le stand était juste quasi vide. Les organisateurs semblaient s’y attendre puisque si la sculpture de Miku sera là jusqu’à la fin du festival le 11, le stand de goodies annonçait sa fermeture… Le lendemain le 5.

Une ultime surprise que j’ai eu a été quand je suis revenu vers 19h après mon repas du soir. En effet, j’ai pu voir une grande foule au niveau de la sculpture. Malgré mes recherches je n’avais trouvé aucune info sur un événement quelconque…

Et en fait la chanson de l’année est jouée une fois toutes les 30 minutes avec une projection sur la sculpture ! Un mini-concert plutôt sympa somme toute pour peu que je vous puissiez endurer les 30 minutes d’attente dans le froid.

Le square des citoyens et celui de l’université d’Hokkaido

Le troisième square contenait une exposition par quelques artistes locaux avec des sculptures plus abstraites mais surtout l’un des événements principaux avec le concours de sculptures par les habitants de la ville elle-même!

Tenu par la chaîne STV, l’université d’Hokkaido présentait sur le quatrième square une sculpture d’un T-rex et d’un… Kamuysaurus. Kamuy est un mot ainu qui désigne les divinités, autant dire que ma curiosité a été piquée. Après un peu de recherche, le Kamuysaurus est le plus grand dinosaure déterré au Japon. Il a été découvert en 2019 par une équipe de chercheurs dans la ville de Mukawa sur Hokkaido. L’événement n’avait pas pu être célébré plus tôt à cause du Covid.

Le Kamuysaurus était particulièrement petit et les scientifiques pensent que c’est un cas de nanisme insulaire: des espèces qui rapetissent au fur et à mesure de leur évolution pour s’adapter à l’environnement d’une île aux ressources restrictives et aux prédateurs absents

Le square du Shimbun Newspaper

Le cinquième square était possédé par le journal local qui y affichait une gigantesque statue d’un pur-sang et de son jockey, en référence aux courses hippiques particulièrement populaires au Japon.

Le soir, une projection animée était diffusée sur cette même sculpture, racontant l’histoire d’un poulain élevé pour devenir un superbe cheval de course.

J’ai beaucoup aimé le cheval Jojo’s Bizarre Adventure qui transitionne sur un style plus Da Vinci à 1:51

Pas grand chose à dire du sixième square, ce dernier n’exhibant qu’une sculpture Yu-Gi-Oh et des stands de souvenirs ainsi que qu’un stand de recrutement des forces d’autodéfense japonaises qui ont contribué à construire certaines des sculptures.

Le square Embley Park par la Hokkaido Broadcasting Co.

C’était à Embley Park que la famille Nightingale établit son domicile d’hiver en 1825. Et c’est dans cette famille qu’on pouvait trouver Florence Nightingale, une femme au caractère bien trempé. En pleine Angleterre victorienne, fille de bonne famille, celle-ci choisit de devenir infirmière contre toute attente. Malgré les oppositions de ses parents, elle parvint à son objectif à l’âge de 31 ans. Apprenant les horreurs de la guerre de Crimée de l’époque, au taux de mortalité particulièrement élevé, elle parvient à organiser une intervention humanitaire.

Et à une époque où les journalistes se moquaient à l’idée que de faibles femmes se retrouvent confrontés à la violence et aux dures réalités des hôpitaux de campagne, eh bien c’est justement la féminité de Nightingale qui a fait toute la différence. En effet, elle a fait… Le ménage. Les hôpitaux étaient insalubres, mal organisés, la nourriture est préparée à l’arrache… En clair vous aviez autant si ce n’est plus de chances d’être tué par les conditions sanitaires que par vos blessures. Nightingale met un grand coup d’ordre dans tout ça, créant tout simplement les bases des protocoles de stérilisation hospitalier moderne, ce qui entraîne une forte baisse de la mortalité. A son retour au pays en 1856, elle est considérée comme une héroïne et la seconde femme la plus célèbre du royaume après la reine elle-même selon la BBC. Ce qui ne l’empêchera pas de continuer sa carrière d’infirmière et de transmettre son savoir pour former de futures infirmières.

La HBC a donc représenté sur le septième square sa maison familiale, aujourd’hui convertie en école, pour remercier Nightingale et par extension l’ensemble du personnel hospitalier qui a lutté pendant ces 3 dernières années pour permettre la tenue de ce festival.

Oh et parce que c’est bien de rendre hommage mais que faire sa pub aussi c’est cool aussi, il y avait également des sculptures sur My Hero Academia, Nights with a cat ou encore Pui Pui Molcar Driving School.

Je vais pas présenter My Hero Academia, un des mangas pour ado les plus populaires actuels mais je vous recommande Nights with a cat. C’est un manga publié sur Twitter où l’auteur raconte sa vie quotidienne avec un chat soit un florilège de situations que vous avez vécu si vous avez un chat. Il y a même en ce moment une adaptation anime sur Youtube… Avec des épisodes sous-titrés en anglais de 2min30 dont 1min30 d’ending… Autant dire que ça se regarde vite! Et Pui pui? J’ai juste vu des memes sur le Twitter japonais, aucune idée de ce que c’est mais ça ressemble à une émission pour enfants pour leur apprendre la sécurité routière.

Kyuruga, le chat de la série, est adorable

Pour en revenir à la maison Embley, diverses attractions étaient prévues pour chaque week-end de l’événement et j’ai ainsi pu assister le soir à un concert de piano par Mina-kun (https://www.youtube.com/@minapiano37/videos), qui a interprété 4 morceaux dont KICKBACK de Kenshin Yonezu (l’opening de Chainsaw Man) et Gunjou de YOASOBI.

Le Hoheikan du square HTB, le second square des citoyens et le F Village

Sur le 8ième square géré par la chaîne HTB, le Hoheikan est un bâtiment célèbre de Sapporo, notamment pour son architecture croisant un style américain et européen.

Et évidemment, on pouvait admirer une projection dessus le soir racontant l’histoire de Sapporo elle-même.

L’avant-dernier square était un autre espace dédié aux citoyens de Sapporo qui pouvaient faire des œuvres là encore sur des thèmes assez variés.

Sur l’ultime square, il était possible de voir une sculpture présentant le futur F Village, un grand stade de baseball qui doit ouvrir en mars de cette année, ainsi que le manager de l’équipe locale apparemment plutôt populaire, Tsuyoshi Shinjo. En face, on pouvait trouver un stand tenu par Nissin, une marque de nouilles, qui proposait de dégommer 4 carreaux assez vite avec des boules de neige pour gagner leur tout nouveau Kanzen Meal! Ça a quel goût? J’en sais rien, j’ai pas eu le courage de faire une heure de queue en plus.

La Sapporo Factory et Berserk

Eh oui, je ne suis pas ensuite allé à Susukino. En errant à Odori, j’ai vu des affiches et l’une d’entre elles a attiré mon œil. Il y avait en fait une exposition Berserk à la Sapporo Factory. Un peu de Google et 20 minutes de marche plus tard et me voilà à cette fameuse « usine », un centre commercial qui sous ses extérieurs de brique rouge cachait un magnifique hall sous verrière.

J’en ai profité pour déguster un excellent awase miso ramen. Le miso ramen est une des spécialités de Hokkaido mais il faut prendre en compte qu’il existe plusieurs types de miso. Le aka miso (miso rouge) est plus salé que le shiro miso (miso blanc). L’awase est un miso mixé entre les deux, une demi-mesure somme toute. Et il ne faut pas oublier le misogyne. J’ai aussi pris en accompagnement un bol de riz avec du porc au wasabi.

Après ce bon repas, c’était en route pour l’expédition Berserk. Œuvre de Kentaro Miura racontant l’épopée de Guts, un guerrier au début consumé par la vengeance et qui se rebâtit au fil de son voyage (non sans au passage éviscérer des démons infernaux avec une épée géante), Berserk est un des piliers de la dark fantasy. Et Miura, son auteur, avait clairement le coup de crayon, ayant créé un des plus beaux mangas connus à ce jour. Malheureusement ce dernier est décédé l’an dernier, une exposition temporaire en tournée à travers tout le pays lui rendant hommage étant organisée. Cette dernière montrait quelques-unes de ces planches et croquis préparatoires, ainsi que des peintures de sa main, le tout ponctué de figurines de haute qualité. Manque de bol, pas le droit de prendre de photos des planches, seules les figurines étaient autorisées. Mais elles étaient magnifiques cela dit. Et du coup maintenant j’ai envie de relire Berserk.

Petite mention d’ailleurs des performances de Google Trad qui reste un allié précieux pour pleinement apprécier ce genre d’exposition.

Le Snowfes à Susukino

Et me voilà de retour à Susukino, vu que j’avais pas réalisé que c’était là que se trouvait le restaurant de jingisukan du soir précédent. Susukino est le quartier de la nuit de Sapporo, facilement identifiable à ses grands éclairages mais aussi aux nombreux panneaux signalant des bars à hôtes et hôtesses.

L’exposition de Susukino était dédiée à la glace avec 3 emplacements. Le premier était concentré sur diverses compagnies, ce qui ne retire rien à la qualité des sculptures. J’aime particulièrement celle faite par un restaurant de sushi qui vous montre à quel point leurs poissons sont frais… Prisonniers de la glace.

Le second espace était dédié aux sculptures plus artistiques avec en général un thème plutôt animalier.

Et enfin le troisième… Bah c’était un concours de sculpture sur glace qui ne se terminerait que le lendemain à 10h30. Du coup j’y suis retourné le lendemain avant de partir pour Noboribetsu.

Du zangi

Dernière étape à Sapporo, j’ai décidé de manger du zangi. Spécialité de Sapporo, le zangi rappelle le karaage, le traditionnel poulet frit japonais qu’on peut trouver facilement dans les konbinis. La principale différence est que la viande est marinée avant d’être frite, ce qui lui donne un goût beaucoup plus prononcé. Je suis donc allé au Zangi Ichiban près du parc Odori après avoir admiré les illuminations nocturnes. Et c’est ainsi que s’est soldée mon séjour à Sapporo, assis à savourer ce plat délicieux tandis que la télé de l’établissement diffusait le dernier épisode de… My Hero Academia ni plus ni moins.

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