Rise of the Yokai: mentions honorables

Dans cet article, je vais couvrir toutes les inspirations yokaiesques restantes de Rise que je connais ou que j’ai découvert dans le live du TGS! Pour rappel, il existe une tonne de yokai plus ou moins connus donc évidemment je ne les connais pas tous. De plus, si les développeurs ont annoncé avoir référé des yokai à travers les monstres revenant des opus précédents, un Rathalos ça reste un dragon de feu, il n’était pas pensé pour être un yokai à la base et par conséquent, les connexions seront particulièrement ténues pour les dernières parties de cet article.

La Calamité

Et évidemment il faut commencer par parler de la principale nouvelle mécanique de Rise, les quêtes Calamité. Ces quêtes sont basées sur le mythe de la Hyakki Yako (百鬼夜行), la « parade de nuit des 100 esprits ». Autrefois dans Kyoto, il ne valait mieux pas sortir pendant certaines nuits indiquées par les omnyoji, les mages de la cour impériales. En effet, suivant un certain trajet, une procession de yokai rodait dans les rues. La seule vue de ce cortège étrange était mortelle. Il s’agit clairement de la base pour les Calamités de Rise, celles-ci s’appelant littéralement Hyakku Ryu Yako (百竜夜行, le kanji 鬼 pour esprit étant remplacé par 竜 pour wyverne, c’est donc la parade de nuit des 100 wyvernes).

Pokémon a eu une campagne publicitaire sur la Hyakki Poke Yako. Bon courage pour identifier tous les yokai et mythes japonais représentés 😉

Ce mythe reste très populaire de nos jours, étant exploité dans beaucoup d’œuvres fantastiques. On peut citer par exemple récemment le film Jujutsu Kaisen 0 où l’antagoniste veut déclencher l’événement à Tokyo ou le jeu Genshin Impact dont la mise à jour 2.6 offrait une quête sur ce thème.

La faune

Le Renard neigeux et le kitsune

Dans la légende, les kitsune (狐, littéralement des renards) vieillissants gagnent des queues avec l’âge, leur donnant des pouvoirs magiques. Ils peuvent ainsi acquérir jusqu’à 9 queues, leur fourrure devenant blanche ou dorée, et ils sont alors capable de voir à travers l’espace.

Un kitsune terrifiant le prince Hanzoku par Utagawa Kuniyoshi (XIVième siècke)

Le Renard neigeux n’est hélas pas aussi puissant, le motif de sa queue ‘donnant l’impression qu’il s’agit de neuf queues au lieu d’une’. A noter que le Mizutsune a également été basé sur les renards à 9 queues, j’en parle un peu dans l’article Rakna-Kadaki.

L’Escargot-moine et l’umi-bozu

L’umi-bozu (海坊主), le ‘moine marin’, est un géant d’eau avec 2 yeux lumineux. Son nom lui vient du crâne lisse des bonzes, ce dernier étant, selon certains mythes, le fantôme d’un moine jeté à la mer par des villageois en colère. Il surgit des profondeurs, détruisant les navires à sa sortie ou demandant un tonneau à l’équipage. Si ces derniers répondent à sa requête, il utilise alors le tonneau pour remplir le bateau d’eau et le couler. Mais il est possible de ruser en lui donnant un tonneau sans fond. Il essayera alors d’écoper la mer sans succès et les marins peuvent fuir pendant sa confusion.

Représentation par Utagawa Kuniyoshi en 1846

Si l’Escargot-moine ne devrait pas vous demander de baril, il est facile de l’imaginer détruire un navire avec sa carrure imposante. La description dit qu’il ‘terrifie les marins de la région’ mais si vous lui faites un salut, il se révèle être assez poli.

Le Corbojoie et le yatagarasu

Le Corbojoie est inspirée du yatagarasu (八咫烏), un corbeau à trois pattes. C’est un symbole de la religion shinto particulièrement important. Ses pattes symbolisent respectivement le Ciel, la Terre et les hommes, tandis que le corbeau représente le soleil. C’est donc un symbole de l’unification entre la nature et les hommes et il est souvent considéré comme un messager d’Amaterasu, la déesse solaire. Pas étonnant que récupérer une branche du bec du Corbojoie vous offre de meilleures récompenses.

Représentation au Kumano Hongu-taisha à Tanabe

Le Fortunibou et le maneki-neko

Ce n’est pas un yokai mais le Fortunibou est basé clairement sur un maneki-neko. Ces petites statues de chat souriant avec une grande pièce en or devant eux lèvent une ou les deux pattes. La patte gauche invite les clients tandis que la droite appelle l’argent et la fortune. Rien que l’icône du Fortunibou indique la couleur, tout comme son effet de booster vos gains de zennys en fin de quête.

L’Hibouette et le daruma

Un daruma est une poupée en papier mâché représentant Bodhidharma, un moine bouddhiste assez original pour le coup. En effet, fondateur du mouvement zen, ce dernier aurait vécu 150 ans dont 9 passés de suite en position de méditation zazen ! Après 7 ans dans cette position, se sentant somnolent, il se serait coupé les paupières pour rester éveillé pendant sa méditation (perso je vous recommande de l’eau sur la figure, moins douloureux). Et les paupières tombées à terre auraient donné naissance aux premiers plants de thé, une boisson liée à cet exercice méditatif. Au final, pendant ces 9 longues années, ses bras et ses jambes auraient fini par s’atrophier et pourrir, d’où les grands yeux et le corps sans membres des daruma. La tradition veut que vous achetiez le daruma avec les yeux vides, vous faites un vœu et vous remplissez alors le premier œil. Et si tôt le vœu réalisé, vous colorez le second.

Bon lâchez tout de suite votre Hibouette et posez ce pinceau, elles ne sont pas composées de papier mâché. Le choix des hiboux semble clairement être lié à l’apparence cylindrique et avec de grands yeux des poupées daruma.

Les monstres de retour

Le Khezu, le rokurokubi et le noppera-bo

Le rokurokubi (ろくろ首) est un être humain dont le cou peut s’allonger de façon assez absurde. C’est une créature qui apparaît dans de nombreux contes et dont les origines peuvent varier (de naissance, suite à une malédiction, etc). Parfois, il arrive même que le rokurokubi ignore son identité, son cou s’allongeant pendant son sommeil.

Estampe par Katsushika Hokusai datée de 1834 où l’on peut voir deux rokurokubi

Le noppera-bo (のっぺらぼう) est un yokai qui ressemble à un humain mais ne possède tout simplement pas de visage. Il s’amuse le soir à terrifier les gens en les prenant par surprise avec son faciès inattendu. Dans certains cas, il adresse la parole à ses victimes de dos et se retourne tout simplement tandis que dans d’autres, il génère une illusion de faciès sur son visage pour entretenir la conversation avant de la retirer dramatiquement comme s’il essuyait un maquillage.

Artwork par Shukai Horikawa sur artstation

Pour le Khezu, je ne pense pas avoir besoin de faire des explications très poussées. Son long cou extensible et son faciès charmeur sont clairement inspirés de ces yokai. Dans sa cinématique d’introduction, il est également présenté d’abord dos aux Baggis qu’il assaille avant de se retourner, tel le noppera-bo.

L’Arzuros et l’onikuma

Pas grand-chose à dire ici aussi. J’avais déjà présenté l’onikuma (鬼熊) dans l’article sur le Goss Harag mais je ne pense pas choquant de penser qu’un ours de très grande taille capable de lancer des rochers ait pu inspirer l’Arzuros.

Le Zinogre et le raiju

Le raiju (雷獣) est une incarnation de la foudre sous les traits d’un animal, en général un chien ou un loup. Ces yokai vivraient dans le ciel et descendraient quand la foudre frappe le sol, provoquant de larges dégâts au point d’impact. La légende veut également que les plus petits raiju adoreraient loger dans les nombrils humains, d’où la tradition locale qui consiste à couvrir son nombril en cas d’orage.

Dessin par Takehara Shunsen dans son Ehon hyaku monogatari en 1841

Pour le Zinogre, c’est encore très évident puisqu’il est littéralement un chien/loup de foudre, capable de même l’invoquer.

Le Tobi-Kadachi et le nobusuma

Le nobusuma (野衾) fait partie d’un certain groupe de yokai composé d’animaux se transformant en atteignant un grand âge. Il s’agit d’une chauve-souris frugivore qui a donc évolué… En écureuil volant géant. Et en prime de cette mutation étrange, elle développe un goût pour le feu des lanternes ou le sang humain, tenant des embuscades de nuit où elle se perche dans les arbres et saute au visage de ses victimes. Et passé un certain âge, le nobusuma peut évoluer en momonji (百々爺) ou en yamachichi (山爺).

Dessin par Toriyama Sekien dans son Konjaku gazu zoku hyakki en 1779

On est toujours dans les monstres assez évidents, le Tobi-Kadachi ayant une apparence et un modus operandi très similaire au nobusuma, étant un gigantesque écureuil volant se perchant dans les arbres pour sauter au visage de ces victimes.

Le Teostra et Yamaraja

Yamaraja est une divinité hindouiste, roi du monde des morts. Comme pas mal d’éléments du bouddhisme japonais, il s’est importé dans un rôle similaire de cette religion, dirigeant les Dix Rois de l’Enfer et jugeant les morts. Il y est aussi appelé parfois Enma.

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Les développeurs ont expliqué s’être inspiré de cette divinité pour la cinématique d’introduction du Teostra où on le voit clairement dans une position de puissance, semblant juger les monstres des Cavernes avant de les exploser de sa poudre.

L’Anjanath et l’okuri-inu

Un okuri-inu (送り犬) est un yokai ressemblant à un chien ou un loup. Il apparaît la nuit dans les montagnes et a tendance à prendre en chasse des voyageurs isolés tant que ceux-ci ne quittent pas son domaine. Tant que vous marchez, il vous suit mais si vous faites l’erreur de vous arrêter ou de chuter, il vous tuera avec ses crocs et ses griffes. Toutefois, son nom signifie ‘chien d’escorte’. En effet, sa présence menaçante repousse les autres yokai et animaux dangereux. Et il est de coutume de lui dire merci pour ses services, pour peu que vous arriviez au pied des montagnes en vie.

Dessin par Masasumi Ryūkansaijin dans son Kyōka Hyaku Monogatari en 1853

Si on ne dira pas merci à l’Anjanath, sa cinématique d’introduction référence très clairement le yokai où on le voit pourchasser sans relâche un pauvre Felyne de nuit. Quiconque a eu l’idée d’utiliser une arme artilleur contre cette wyverne brute pourra valider qu’il passe environ tout le combat à vous poursuivre sans relâche en claquant des mâchoires.

Le Volvidon et le wanyudo

Le wanyudo (輪入道, roue moine) est un yokai serviteur des enfers. C’est la tête d’un criminel rasée en repentance de ses pêchés (comme celle d’un moine) et accrochée à une roue embrasée. Il roule sur Terre, traquant les pêcheurs pour les traîner en enfer où ils seront jugés.

Dessin par Toriyama Sekien dans son Konjaku gazu zoku hyakki en 1779

Le mode de déplacement du Volvidon rappelle fortement le wanyudo mais c’est surtout son icône qui fait la connexion. En effet, on y voit sa tête centrée au milieu de son corps sphérique, un peu comme un visage au milieu d’une roue.

Le Tigrex et le yamabiko

Rarement vu mais souvent entendu, le yamabiko (山彦) est un yokai de montagne ressemblant au croisement entre un chien et un singe. Si vous criez dans les montagnes, le yamabiko imitera votre cri et vous le renverra. Sans grande surprise, son nom signifie écho.

Dessin par Toriyama Sekien dans son Gazu Hyakki Yagyō en 1776

On arrive clairement sur les connexions un peu distantes entre le yokai et le monstre (et je me base sur ce qui a été annoncé par Capcom lors du TGS). Le Tigrex est un monstre vivant plutôt dans les montagnes, comme le yamabiko, et une de ses grandes spécialités, c’est bien son puissant hurlement, rappelant les vocalises du yokai.

Le Nargacuga et le bakeneko

Si les chats étaient appréciés au Japon en tant que chasseurs de vermine, c’était tant qu’ils respectaient certains paramètres. Car un chat de plus de 3,5 kilos, de plus de 13 ans ou avec une queue trop longue risquait de se transformer en bakeneko (化け猫), un chat démoniaque cracheur de feu et adorant laper l’huile des lampes (en même temps quand elle était faite avec de l’huile de poisson forcément…). Ces derniers se dressaient sur 2 pattes et pouvaient chercher à remplacer leur ancien maître, imitant les humains. Dans certains scénarios toutefois, leurs queues pouvaient se fendre en deux et il devenaient alors un nekomata (猫又), encore plus dangereux (d’où la tradition barbare visant à couper les queues des chats).

Dessin par Utagawa Kuniyoshi en 1835

Le Nargacuga est basé sur les félins et … A une longue queue. Voilà voilà voilà…

Le Rathalos et le tenka

Le tenka (天火, ‘flamme céleste’) est une variante de l’onibi dont je parle de façon plus extensive dans l’article sur le Magnamalo. Et le Rathalos crache des flammes volantes (en même temps il est conçu pour être un dragon européen alors forcément…).

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